samedi 21 mars 2020

We will survive ! 19 mars 2020





Les jours se suivent

Nous n’en sommes qu’au 3ème jour, et déjà, j’ai l’impression que ça fait une éternité.

J’ai mal dormi.

En arrivant au boulot ce matin, une de mes collègues n’était plus là, la seconde s’apprêtait à repartir. Elle m’a annoncé : tu n’es pas au courant, tout comme moi, tu fais partie des personnes à risques, tu dois rentrer chez toi. J’ai pris ça comme un train dans la figure. Non, non, ce n’est juste pas possible. Ce n’est pas de la rébellion, juste que tout a tourné dans ma petite caboche, très vite. Pas question que je quitte le navire. Qu’ai-je à perdre me disais-je ? Je ne me considère pas comme indispensable, je considère simplement que je dois être là. Et puis oui, je l’avoue, je ne m’imaginais même pas rester chez moi, enfermée, prostrée, ruminant des idées noires, comme ligotée, et ne plus pouvoir faire ce qui me tient le plus à cœur. J’ai pleuré.
Etre là… au moment où il faut l’être. Je n’ai rien d’une héroïne, mais si ma petite contribution peut être utile, alors….
J’ai téléphoné à mon médecin, j’ai fait le tour de mes spécialistes. Je vais bien…

Donc je vais rester. Je ne suis pas inconsciente. Je saurais prendre toutes les précautions qui s’imposent pour ne pas m’exposer, mais ne pas lâcher. Non ne pas lâcher.

Nous sommes vraiment en équipe plus que restreinte, nous avons géré beaucoup d’urgences, d’autres moins …  le standard a buggé..  Nous n’étions pas loin d’en faire autant.

J’ai eu le plaisir, dans toutes ces situations difficiles qui venaient à nous d’avoir des personnes compréhensives, et qui malgré leurs problèmes avaient de l’humour aussi, aucune pointe d’agressivité, reconnaissants même. Cela fait du bien.

J’ai eu le plaisir de déjeûner avec un ami aujourd’hui, même si on m’a fortement conseillé d’éviter. Je regrette juste de ne pas avoir pu le prendre dans mes bras, le serrer très fort, et lui dire : je suis là, on est amis. Tu as besoin je suis là, j’ai besoin tu es là.

J’avoue que ce soir, j’ai le cerveau un peu à l’envers…. Toutes ces questions auxquelles nous n’avons pas pu répondre, parce que nous n’avons pas de réponse en fait.. .

Je suis un peu en colère contre nos dirigeants qui depuis l’annonce de lundi n’en disent pas plus, et laissent les rumeurs les plus folles se déverser de toutes parts.

Je suis en colère après les médias, qui avec une info minime telle le caillou du Petit Poucet fabriquent un Everest et sèment la panique. Ce n’est plus de l’information c’est de la désinformation…

Je suis en colère, et triste, car malgré mon souci d’apaisement de tous, je n’arrive pas à apporter de réponses, à part celles dont je suis sûre, et il y en a peu.

Si je pouvais juste être entendue, un peu, je voulais juste vous dire. Ne cédez pas à la panique, ne laissez pas votre colère l’emporter, ne faites pas n’importe quoi dans l’idée que rien ne peut vous arriver, essayez de rester sereins autant que faire se peut. Soyez patients.

Demain sera un autre jour, le quatrième.

Et moi qui fait des recommandations, j’avais juste envie de parler de mon ressenti personnel. J’ai juste envie de prendre dans mes bras ceux que j’aime, je n’ai pas envie de les savoir dans l’angoisse ou la détresse, j’ai envie que tout redevienne comme avant….

Ce n’est plus étrange, c’est déroutant tout ça.

Ah oui, je me suis faite arrêtée cinq fois depuis mardi par la «maréchaussée’’ gantée et masquée,  Ils ressemblaient aux Tortues Ninja.

Prenez soin de vous

Et je veux surtout croire que :

We will survive ….

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