11ème jour.
Gros coup de blues ce matin au réveil. J’ai révé Irlande, j’ai rêvé du Pont-Aven..
bloqué au port, j’ai pleuré, j’avoue. J’attendais tellement ces moments qui me
ramenait vers ma seconde patrie, je me revoyais dans les vertes prairies, dans
les montagnes. Je revoyais tous les moments passés au pub, avec des amis d’un
jour.
J’ai maudit la situation, j’ai maudit tout ce qui pouvait l’être.
Et puis, et puis… j’ai posé un mouchoir sur ma tristesse,
sur mes rancœurs. Je me suis ressaisie.
J’ai vu le soleil se lever sur la cité du Ponant, je suis
partie au Centre. En route, je pensais déjà à la journée qui m’attendrait. C’est
vendredi. En général ce n’est pas une journée de tout repos, la veille d’un
week-end, les usagers s’affolent de passer deux jours sans un soutien.
Je me
suis ressaisie…
J’ai fait comme d’habitude, laissé à la porte mon « moi ».
Nous étions encore moins nombreux que d’habitude. 3 en début
de journée.
Nous avons eu quand même le temps d’échanger, sur nos
ressentis, nos petites joies, nos angoisses, les angoisses des autres.
Ce confinement commence à peser lourd dans les esprits. Il y
a les résignés, ceux qui ne comprennent pas, ceux qui ont peur (j’en connais
beaucoup), ceux qui dépriment, et ceux qui réagissent violemment. D’ailleurs
les psychiatres se prêtent à dire que le comportement humain commence à changer à
partir du 10ème jour de confinement. J’ai pu le constater, c’est
effrayant. Et c’est effrayant pour la suite.
Nous avons évoqué nos craintes pour ces femmes et aussi les
enfants, enfermés, confinés avec des êtres vils, violents et pervers. Comment
vont-elles avoir la force de s’en sortir ? Que pouvons-nous faire pour les
aider ? J’ose espérer qu’il existe encore des personnes avec de l’empathie
qui sauront faire appel ou signaler ces méfaits qui me répugnent.
Nous avons eu une belle journée, nous avons pu déjeuner
dehors.. au soleil… Depuis quelques
jours il fait beau, je vais finir par être plus bronzée que la moyenne… (rires)
J’ai pris le temps de relire toutes les ordonnances qui sont
passées avant-hier… tout lu en détail… ça m’a rendue bof un peu.
Curieusement, j’ai finie cette journée sereine. En fait non,
ce n’est pas vrai, c’était en demie teinte. J’aurais voulu qu’on me dise de
garder une permanence le week-end. Même si j’ai de quoi largement m’occuper, je
vais faire un peu de bénévolat.
J’ai trainé un peu dans Landerneau, fait quelques courses.
Des trucs à manger qui me faisaient envie, alors que je sais pertinemment que
je ne les mangerais pas. Quand tout sera fini, je règlerai ce souci de manque d’appétit.
Là je n’ai pas le temps
Je suis rentrée au soleil couchant. J’ai pris les chemins
détournés pour rentrer à Brest, pour passer dans la campagne, longer la mer,
avant de m’enfermer dans mon appartement qui me semble de plus en plus petit…
et vide…
J’ai envie d’adopter un nouveau chat. Ma petite Wan me
manque aussi.
Mais avec tout ça, je vais bien… je suis pleine d’espoir de
ces moments où nous nous retrouverons tous, et je suis sûre, grandis…
Quelques fleurs trônent sur ma table….
We will survive
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