50ème jour - plus que 5 jours
Retour au centre, après une petite semaine d’absence.
Mes jours de congés précédents, je n’ai eu le temps de rien, prise
de toutes parts avec l’association. Ce n’est pas pour autant que je n’avais pas
dans un petit coin de ma tête, mes collègues en effectif très réduit qui
devaient se débattre avec tous les dossiers des usagers. J’ai eu des pensées aussi
pour toutes ces personnes en difficulté.
Je suis arrivée ce matin après une nuit courte, cependant en
pleine forme, prête à en découdre. J’ai été prise dans un tourbillon. Les demandes tombaient de partout. A nouveau
j’ai ressenti des inquiétudes, des angoisses, parfois même des désespoirs. Cela
m’a bousculée.
Les efforts faits avec l’association, fatigants et au combien enrichissants,
m’avaient presque semblé irréels par rapport à cette plongée que j’ai refaite aujourd’hui dans le quotidien difficile de nos pairs.
Au retour ce soir, je suis passée au local de MASQUES A RADE.
Les bénévoles
n’ont pas perdu leur temps aujourd’hui.
Les meubles prêtés par la ville étaient
installés, deux machines offraient leur ronron en musique de fond, la vapeur d’un
fer à repasser embrumait et réchauffait la salle, tout ça dans la bonne humeur,
les rires, les blagues.
J’aime cette ambiance où je ressens les cœurs battre,
où je vois les âmes briller. Cela fait un bien fou. Et l’on se dit à ce moment
là, qu’on a rencontré le meilleur de l’humain. Quel bonheur.
Près de 200 masques ont été réalisés dans la journée, avec des
petits clins d’œil pour les enfants aussi.
Vingt heures passées, il était temps de « jeter le chiffon »
et de rentrer sagement à la maison se reposer.
Sauf qu’en rentrant, ce n’est toujours pas terminé, il y a encore
les demandes qui sont arrivées à traiter. On a géré.
Demain, nous serons un peu plus nombreux, la presse
ayant par le biais d’un petit article, laissé nos coordonnées pour les bonnes
volontés. Il en est arrivé quelques unes.
Le calme a fini par revenir autour de moi, chez moi. Dans mon tout
petit chez moi, j’ai un stock de tissus à pré-découper pour mes petits doigts
de fée.
Et en faisant cela, le bruit du tissu qui se déchire, les longues
bandes que je pliais consciencieusement et que je mettais en sac m’ont fait
penser à ces femmes qui lors des conflits de 14-18 et même 39-45, découpaient
tout ce qui pouvaient l’être pour faire des pansements de fortune parce qu’il n’y
avait plus rien pour soigner les blessés. Je voyais les images nettement... Elles
m’envahissaient. C’était juste effrayant.... J’ai pleuré.
Mais oui, nous sommes en guerre, et nous les bénévoles, avec les
moyens du bord, nous pansons les plaies.
Je ne retourne pas au centre jusqu’au dé-confinement qui aura lieu
dans cinq jours…. Cinq jours….
Cinq, quatre, trois, deux, un…… on verra !!!
Je vais aller me glisser sous ma couette, et me blottir contre
Miss Yeats, si elle ne boude pas et veut bien dormir !
Demain j’irais mieux
We will survive
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