40ème jour - Tension, fatigue et relâchement
Et voilà, on approche du but et les tensions remontent. Et j’ai
bien peur que cela ne dure jusqu’au prochain discours de nos dirigeants qui
doivent être en train de nous préparer un programme d’enfer. Je l’ai déjà dit,
je suis inquiète.
Le COVID-19, c’est un drame… une « guerre » même. Et
chacun d’entre nous a dans l’esprit d’y survivre. Ce n’est qu’humain.
Au-delà du choc que cela a créé, de cette longue période de
confinement que nous vivons, dont nous ne savons toujours pas de quelle manière
nous allons en sortir, au-delà du manque d’informations ou de la
désinformation, il en est certains qui se sont battus et se battent encore,
pour faire face.
Des professions sont restées malgré ce confinement, bravant le
danger bien présent.
Des élans de solidarité se sont créés de toutes parts pour venir
en aide au plus démunis, pour accompagner ceux qui restaient dans « le
feu » de l’action, mais aussi pour préparer notre retour dans la
« vie ».
Je suis inquiète aussi pour les petites mains de fée qui
continuent de coudre sans relâche en attendant que soient
distribués les masques fournis par l’Etat, avec en tête qu’il n’y en aura
jamais assez pour tout le monde.
Je m’inquiète parce qu’elles sont fatiguées. Depuis près de 6
semaines, elles ont œuvré pour réaliser et distribuer plus de 3500 masques qui
ont été fournis aux Ehpad, milieux hospitaliers, associations caritatives,
particuliers, petites entreprises et même la Police. Les demandes fusent, elles
sont honorées autant que faire se peut.
De l’esclavage bénévole : toutes ces petites mains ont
travaillé avec leurs tripes, cloîtrées dans leurs appartements pour la plupart,
transformés en lieux de stockage aussi, mettant à mal leur propre vie de
famille, leur santé également en raison de la fatigue et du stress accumulés. Des conditions de travail
qu’on n’accepterait même pas d’un employeur : poussières, bruit incessant
des machines qui tournent dès 7 heures du matin, jusque 23 heures parfois.
Nous n’avons jamais entendu l’une ou l’autre se plaindre non plus
des factures d’électricité ou des frais de carburant pour effectuer les
livraisons.
Je les entends dire qu'elles sortiront toutes grandies de cette aventure, qu'elles auront donné mais surtout beaucoup reçu : des rencontres, des sourires, des peluches, des mascottes, des dessins ; tout cela restera à jamais gravé dans leur mémoire et leur coeur.
Aujourd’hui, elles sont juste fatiguées. Il faut qu’elles se
reposent. Il faut qu’elles prennent du temps pour elles mêmes, pour leur
famille.
La tension, je la sens présente autour de moi, par ce que j’entends :
« j’en ai marre », je « n’y comprend plus rien », « que
va-t-on devenir ? » « combien de temps ça va durer »
encore.
Je sens également du relâchement par rapport au confinement. On
voit un peu plus de monde dehors (avec ou sans masque d’ailleurs), la
circulation revient peu à peu. Les personnes se retrouvent, en cachette (gare
aux gorilles !!!). Cela me rappelle quand j’étais plus jeune et que je
sortais en douce pour aller voir un amoureux
(ha ha) , avec l’angoisse que l’on me voit, que l’on découvre ma
petite escapade.
Toute cette situation est vraiment, vraiment trop étrange, avec l'impression de naviguer sur une mer sans eau par temps de brouillard !
Mais
We will survive !
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